Vapotage en péril : pourquoi le PLF 2026 menace la lutte contre le tabac

Le Projet de loi de finances (PLF) 2026, porté par le gouvernement français, prévoit deux mesures majeures concernant le vapotage : l’interdiction de la vente en ligne de produits de vape et la création d’une taxe spécifique sur les e-liquides. Présentées comme des avancées en matière de santé publique, ces dispositions risquent pourtant de compromettre l’un des outils les plus efficaces dans la lutte contre le tabagisme.

Le consensus scientifique : la vape comme alliée du sevrage

De nombreux experts en santé publique s’élèvent contre ce projet. Le Pr David Khayat, oncologue, affirme que « le cancer du poumon commence à réduire chez l’homme grâce à la cigarette électronique ». Cette déclaration s’inscrit dans une tendance observée par plusieurs études internationales.

La revue Cochrane, référence mondiale en matière d’évaluation scientifique, conclut que les personnes utilisant des e-cigarettes avec nicotine sont plus susceptibles d’arrêter de fumer que celles utilisant des substituts nicotiniques classiques ou des e-cigarettes sans nicotine. Ces résultats sont issus de 17 études portant sur plus de 10 000 participants.

Le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et tabacologue, rappelle que « la vape est le moyen le plus utilisé et le plus efficace pour arrêter de fumer en France » et insiste sur le fait qu’elle est « infiniment moins nocive que la cigarette classique ».

Michel Cymes, médecin et chroniqueur : "Le vapotage, on a assez de recul pour savoir que c'est une bonne aide au sevrage tabagique"

Une interdiction de vente en ligne aux effets pervers

L’article 23 du PLF 2026 prévoit l’interdiction totale de la vente en ligne de produits de vapotage aux particuliers. Cette mesure, qui vise à encadrer le marché, risque de priver des millions de vapoteurs d’un accès simple, sécurisé et économique à leurs produits.

Dr Marion Adler, tabacologue à l’hôpital Antoine Béclère, alerte : « Taxer le vapotage est une mauvaise idée qui fera que certains retourneront vers le tabac ». Elle souligne que les jeunes, bien qu’ils vapotent plus, se détournent du tabac, ce qui constitue un progrès majeur.

Une taxe qui pénalise les ex-fumeurs

La taxe prévue sur les e-liquides — jusqu’à 0,05 €/mL pour les produits fortement nicotinés — alourdit le coût du sevrage tabagique. Un flacon de 50 mL pourrait voir son prix augmenter de 2,50 €, ce qui représente une barrière économique pour les fumeurs en transition.

Cette fiscalité assimile les produits de vape aux produits du tabac, malgré l’absence de combustion et de goudrons. Une confusion dangereuse, qui pourrait décourager les fumeurs de passer à une alternative moins nocive.

Un enjeu de santé publique majeur

Selon Santé publique France, 8,3 % des adultes vapotent, dont 6,1 % quotidiennement. La majorité utilise des e-liquides nicotinés dans une démarche de sevrage. Or, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec près de 75 000 décès par an.

En pénalisant le vapotage, le PLF 2026 risque de freiner une dynamique positive et de compromettre les efforts de réduction du tabagisme. La Fédération Interprofessionnelle de la Vape (FIVAPE) dénonce un projet « à contre-courant de l’intérêt général et de la santé publique ».

Conclusion : une loi à revoir

Le PLF 2026, en assimilant la vape au tabac et en restreignant son accès, menace un outil reconnu pour son efficacité dans le sevrage tabagique. Les experts, les études et les chiffres convergent : vapoter sauve des vies. Il est urgent que les décideurs politiques réévaluent ces mesures à l’aune des données scientifiques et des enjeux de santé publique.

Sources :

1. Pr David Khayat – L’Heure des Pros, CNEWS, 20/10/2025
2. Pr Bertrand Dautzenberg – Le Figaro, 12/05/2023
3. Pr Bertrand Dautzenberg – YouTube, Interview
4. Dr Marion Adler – France Inter, 16/10/2025
5. Cochrane Review – Cochrane.org
6. Santé publique France – Baromètre 2023
7. Michel Cymes – bfmtv.com